L’apprentissage de pairs à pairs
Le process descendant est la norme qui correspond à ce que Paulo Freire appelle la conception «bancaire» de l’éducation l’orientation qui conçoit l’éducation comme la transmission de contenus fixés : L’éducation devient ainsi un acte de dépôt dans lequel les étudiants sont les dépositaires et le professeur le déposant. (Friere, 1974, p. 58) A l’inverse, le processus de nommer le monde est accompli à travers le dialogue entre égaux, un processus de recherche joint que Freire oppose au concept «bancaire» de l’éducation décrit plus haut: Alors que nous tentons d’analyser le dialogue comme un phénomène humain nous découvrons quelque chose qui est l’essence même du dialogue: le mot. Mais le mot est plus qu’un instrument rendant le dialogue possible; en conséquence nous devons rechercher ses éléments constitutifs. A l’intérieur du mot nous trouvons deux dimensions, réflexion et action, dans une si radicale interaction que si l’un est sacrifié-‐même en partie-‐l’autre en souffre immédiatement. Il n’y a pas de vrai mot qui ne soit pas en même temps une praxis. Ainsi, dire un mot vrai transforme le monde. Un faux mot, celui qui est incapable de transformer le monde, résulte d’une dominance de la division sur ses éléments constitutifs. Quand un mot est privé de sa dimension d’action, la réflexion en souffre automatiquement d’autant; et le mot est changé en discours vain, en verbalisme, en une aliénante aliénation, du «blabla». Il devient un mot vide qui ne
peut pas dénoncer le monde, parce que la dénonciation est impossible sans engagement à le transformer, et il n’y a pas de transformation sans action. D’un autre côté, si l’accent est mis exclusivement sur l’action, au détriment de la réflexion, le mot est convertit en activisme. Ce dernier-‐le problème de l’action pour l’action-‐nie la vraie praxis et rend le dialogue impossible. Chaque division, en créant des formes d’existences non authentiques, crée aussi des formes non
authentiques de pensées, qui renforcent la division originale. L’existence humaine ne peut pas être silencieuse, pas plus qu’elle ne peut être nourrie de faux mots, mais seulement de vrais mots, avec lesquels l’homme transforme le monde. Exister, humainement, c’est nommer le monde et le changer. Une fois nommé, le monde réapparait à l’homme comme un problème qui requiert d’être renommé. Les hommes ne se construisent pas dans le silence, mais dans le mot, le travail, l’action-‐réflexion. Mais alors que dire un vrai mot –qui est travail, qui est praxis-‐transforme le monde, dire ce mot n’est pas le privilège de quelques uns, mais le droit de tout homme. Consécutivement, personne ne peut dire un mot vrai tout seul, ni le dire à la place d’un autre, dans un acte qui priverait l’autre de ses mots. (Freire, 1974, pp 75, 76)